la santé dans les collines

aujourd'hui, boulot !

mais boulot hors du ministère, pour sortir enfin de l'abstraction dans laquelle je baigne au département du budget pour aller voir où l'argent arrive vraiment (ou n'arrive pas).

J'ai donc profité de la visite des consultants en charge de la 'revue des dépenses publiques santé' (en charge d'évaluer si le budget de l'état dans la santé est bien alloué, bien exécuté, etc etc) pour grimper dans leur gros 4*4 et aller visiter un centre de santé et un hopital dans un district de la banlieue de Kigali. Cela me sera surement utile vu que je devrai m'occuper du budget santé l'an prochain, enfin probablement.

Départ donc pour une heure de piste pourrie, pour arriver au centre de santé de Jali. On a choisi de visiter cette région parce que c'est l'un des districts pilotes où est mise en place l'approche dite 'contractuelle': chaque mois, chaque hopital et centre de santé sont notés sur un certains nombre d'indicateurs (taux de vaccination, taux d'accouchements en structure médicale, fréquentation du centre de santé). Suite à cette évaluation et à qq vérification, selon leur performance (par exemple 16 indicateurs sur 20 sont été atteints), on leur attribue une prime. Le centre de santé que l'on a visité a donc touché pour le mois d'octobre plus de 250.000 francs de prime, soit environ 500 dollars, qui ont été répartis entre tout le personnel soignant. grosse motivation, ca augmente leur salaire de près d'un tiers !!

A part ca, on découvre dans le stock un gros tas de cartons qu'ils viennent de recevoir. un grand classique qui me rappelle l'erythrée. Don d'une ong américaine quelconque, qui n'a demandé a personne ce dont ils avaient besoin ni quels protocoles ils utilisent au Rwanda, et a balancé ses dons "from the american people" sur ce pauvre centre de santé ... youpi !

Autre découverte, a peu près la moitié du personnel est payé par des ONG, ou des bailleurs de fonds divers et variés. Résultat, ils sont payés beaucoup plus que les autres sans raison particulière (bonjour l'ambiance). Meme chose à l'hopital. Enfin...

En ce qui me concerne, je veux dire en tant que membre du dpt du budget, la situation est encore plus consternante: vu que les bailleurs sont nombreux dans ce district, l'état s'est "désengagé". En gros quasiment aucun fond public n'arrive dans ce district, a part les salaires et les médicaments. Tout vient des bailleurs. Bon ce district en conséquence est plutot mieux loti que les autres en termes de matériel et autres, mais d'une part les dons les plus fantaisistes s'accumulent à droite à gauche, d'autre part rien de tout cela n'est enregistré dans le budget, ou si peu. En gros, le ministère de la santé n'a aucun moyen de controler, ni meme de connaître précisément ce que traffiquent les bailleurs de fonds dans ce district !...

y'a du boulot !!

La visite se termine autour des traditionnelles brochettes, de chèvre bien entendu, et retour sur Kigali où ca caille grave aujourd'hui :-)